Qu'est-ce que le GROUM.F ?

Le GROUM.F ou GROupe Universitaire de recherche qualitative Médicale Francophone est une association indépendante, issue du Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE). Il a été créé en 2007 avec l’objectif initial de faire connaitre et de développer la recherche qualitative en soins primaires.

Le GROUM.F est un groupe de recherche, de réflexion, de partage. Il part d’une question simple : quelle recherche faisons-nous ?

Le GROUM.F propose, avant de se lancer dans une étude, dans une thèse, de prendre le temps de se demander quelle est la méthode appropriée par rapport aux objectifs. La méthode ne s’impose pas d’elle-même. Il propose aussi de prendre tout le temps nécessaire pour poser la question de recherche et de l’ouvrir sans œillère à toutes les disciplines. La question de recherche se construit et s’interroge tout au long de l’étude.

Le GROUM.F est une ressource, un appui méthodologique, aux chercheurs francophones. En ce sens il vise à accompagner les directeurs de thèse ou de mémoire, et porte une réflexion sur l’accompagnement des étudiants. Il propose, à travers son séminaire annuel, un temps d’exposés et de débats sur la recherche en train de se faire.

Le GROUM.F est aussi un espace de libre parole où il ne s’agit pas de faire de la recherche pour faire de la recherche, mais de prendre le temps de penser le sens de la recherche. Il propose, lors de ses séminaires, de présenter les différentes méthodes de recherche qualitative et de faire le lien avec la recherche en santé.

Le GROUM.F est aussi un espace qui essaie de penser la recherche telle qu’elle se fait. Il s’inscrit ainsi dans une démarche épistémologique qui lie réflexion sur la théorie et réflexion sur la mise en pratique.

Le GROUM.F est aussi avant tout « une équipe ». Cette équipe souhaite s’interroger et réfléchir sur la manière de faire de la recherche et du soin et de transmettre autrement. L’objectif de l’association s’est progressivement élargi au fil du temps. Il est maintenant de travailler et faire travailler ensemble le monde de la santé et celui des sciences humaines et sociales. La visée est devenue transdisciplinaire. Il regroupe actuellement une cinquantaine de médecins généralistes, enseignants-chercheurs et chercheurs en sciences humaines et sociales.

Le GROUM.F propose chaque année les Journées du GROUM.F et participe aux formations des directeurs de thèse dans les Départements de Médecine Générale. Ces évènements sont décrits sur notre site à l’onglet DOCUMENTS.

Qu'est-ce que la recherche qualitative ?

Issue des sciences humaines et sociales, la recherche qualitative cherche à comprendre les expériences personnelles, les modes d’appropriation, l’influence du collectif sur les individus et à expliquer certains aspects des phénomènes sociaux. Elle regroupe un ensemble de techniques de collecte et de méthodes d’analyse des données.

Il n’existe pas de définition standardisée, Mays et Pope, (1995) en donnent cependant une idée :

« Le but de la recherche qualitative est de développer des concepts qui nous aident à comprendre les phénomènes sociaux dans des contextes naturels (plutôt qu’expérimentaux), en mettant l’accent sur les significations, les expériences et les points de vue de tous les participants »

A la différence de la recherche quantitative, qui cherche à étudier un phénomène en l’isolant des circonstances extérieures, la méthode qualitative permet d’analyser et de comprendre des phénomènes complexes, des comportements de groupe, des faits ou des sujets. Il s’agit d’une démarche contextualisante, exploratoire et compréhensive ancrée dans le terrain, et en profondeur, de l’objet de l’enquête. Il s’agit aussi d’une méthode qui invite à la transdisciplinarité.

Par sa démarche et ses méthodes, la recherche qualitative diffère aussi de la recherche quantitative. Entre ces types de recherche, il n’existe cependant pas d’opposition mais plutôt complémentarité et articulation.

Les types de questions qu’elle vise à éclairer relèvent davantage du comment que du pourquoi : « Qu’est-ce qui se passe ? », « Comment est-ce que cela se passe et quelle est la logique derrière ? », « Qu’est-ce qui fait que les choses ne se passent pas comme la théorie prévoit qu’elles devraient se passer ? », « Quels sont les concepts qui peuvent m’aider à comprendre ce qui se passe ? », « Quelles sont les dimensions de ces concepts et comment les déconstruire ? ». Ces questions s’ancrent dans le terrain et permettent, selon Sofaer, 1999, « aux gens de s’exprimer dans leur propre voix, plutôt que de se conformer à des catégories et aux conditions qui leur sont imposées par d’autres ».

Il y a donc un petit air de liberté qui permet de s’éloigner de la recherche stéréotypée ainsi que des paradigmes dominants dans le champ de la santé. En ce sens, même si de nombreuses spécialités peuvent s’approprier cette méthode de recherche, celle-ci « correspond bien » à la médecine générale et à sa vision holiste. En effet le monde de la médecine générale s’inscrit dans la complexité et dans la diversité. Le recours aux méthodes de recherche classiques ne permet pas toujours de se poser de « nouvelles questions », d’explorer la diversité, de tenir compte de l’environnement « bio-psycho-social » et de son influence sur les prises de décision.

La recherche qualitative permet aussi d’interroger sa posture, ses aprioris, ses idées préconçues et de penser le cadre même de la recherche. Elle a aussi pour objectif de donner du temps à la réflexion. Il s’agit aussi de penser la « recherche de la recherche », d’explorer la question derrière la question et d’explorer l’autre côté du miroir. Elle est donc aussi une aventure.

Cette approche n’apporte pas de réponses, de recettes ni de solutions toute faites. Elle invite chacun à s’interroger et donne à ses lecteurs les éléments et les moyens de cette réflexion. Il s’agit d’interroger ses cadres de pensée et d’entrer dans une logique réflexive.

En s’inscrivant dans cette démarche, le GROUM.F souhaite insister sur l’importance de la contextualisation dans la recherche menée, sur l’explicitation de sa posture par le chercheur, ses aprioris, sur la mise en récit de la méthode par le journal de bord. L’objectif n’est pas seulement de présenter une étude, mais de donner au lecteur tous les moyens de cerner, de comprendre et de critiquer la recherche présentée. La recherche est avant tout proposition de débat. Elle est donc réflexive à chaque étape de son parcours.

Quelles perspectives pour l'association ?

Le GROUM.F, après avoir participé au développement de la recherche qualitative, a produit un manuel « Initiation à la recherche qualitative en santé » afin de proposer aux étudiants et aux directeurs de thèse un outil pratique pour s’approprier la recherche qualitative. Il se propose maintenant, dans une deuxième phase, d’interroger la recherche elle-même et de travailler autour de sept questions « nouvelles » mais aussi « anciennes » :

• Quel est le rôle de la recherche en soins primaires ?
• Qu’est-ce que faire de la recherche en soins primaires en pratique ?
• Qu’est-ce qu’un médecin généraliste-chercheur ?
• Qu’est-ce qu’un concept en santé ? Qu’est-ce qu’un concept en sciences humaines et sociales ?
• Quel peut être le dialogue entre chercheurs et acteurs de terrain, entre professionnels du champ de la santé ?
• Comment arriver à mieux dialoguer entre monde des sciences humaines et sociales et monde de la santé ?
• Faut-il inventer une forme de recherche qualitative spécifique au champ de la santé voire à la médecine générale ?

Le GROUM.F vise à développer encore davantage la réflexion épistémologique sur la recherche qualitative. Après avoir été dans une démarche d’appropriation et de diffusion, il s’agit d’interroger les modèles proposés par les auteurs de référence, d’interroger les concepts et de réfléchir à une déclinaison qui s’enracine dans la médecine générale et dans le monde de la santé.

Il s’agit de sortir la recherche de sa tour d’ivoire, de ses congrès, de ses cénacles, d’interroger pas à pas la manière dont la recherche se conceptualise, en s’ancrant dans le terrain, tout en liant davantage élaboration et pratique. L’objectif serait aussi de mieux montrer de quelle manière une recherche s’élabore, se construit, se conduit, de penser davantage le passage de la théorie à la pratique. L’enjeu est de déconstruire les logiques d’appropriation.

La réflexion du chercheur, de l’épistémologue, ne doit pas être solitaire. Il s’agit de se poser des questions ensemble, de partager des doutes, de se confronter au tabou, d’interroger les concepts et le sens du mot « concept », les théories et les sens du mot « théorie », les injonctions conceptuelles du champ de la santé et leur sens.

Il s’agira alors de repenser la manière de travailler avec les autres professions du champ de la santé et des disciplines de sciences humaines et sociales.

Il s’agirait de tester en commun les idées nouvelles. En ce sens le GROUM.F se propose de développer une logique de séminaire en petits groupes consacrés à un concept, ou à l’approfondissement d’une méthode. Il peut aussi s’agir de réfléchir au mode de diffusion de cette réflexion qui part de l’initiative d’un petit groupe pour ouvrir toute grande la porte des débats.

Il s’agit in fine, à toutes les étapes de la recherche, de son élaboration à sa réalisation, de faire de la recherche en commun, de faire de la recherche « partagée » entre chercheurs, professionnels, acteurs et usagers. L’objectif ultime serait d’effacer les frontières et de donner du sens à la transdisciplinarité et la transprofessionnalité.

Conseil d'administration

• Isabelle Mercier (Présidente)
• Alain Mercier (Vice-Président)
• Agnès Peltier (Secrétaire générale)
• Matthieu Lustman (Secrétaire adjoint)
• Shérazade Kinouani (Trésorière)
• Sébastien Leruste (Trésorier adjoint)
• Jean-Pierre Lebeau (Chargé de mission : publication-rédaction)
• Maéva Jego-Sablier (Chargée de mission : organisation des journées 2022)
• Michel Cunin
• Jacques Cittée
• Julie Gilles de la Londe
• Jean-Sébastien Cadwallader